En ce jeudi 4 décembre 2014, jour de sainte Barbara / Barbe, voici comment je vous conte son histoire.

Barbara naquit et vécut au milieu du IIIème siècle de notre ère, probablement dans une ville appelée Héliopolis, sur le territoire de la Syrie actuelle. Fille unique, d’une très grande beauté, elle était l’objet d’un grand amour de la part de son père, Dioscore. Comme elle repoussait tous les prétendants et refusait de se marier, Dioscore, qui en était fort aise, lui fait bâtir une tour, ornée de deux fenêtres, dans laquelle elle vivait recluse mais dans le luxe.

Mais voici que Dioscore, personnage puissant, est convoqué à Rome par l’empereur et s’en va. Barbara passe des nuits à contempler la voûte céleste et à s’émerveiller de la course des étoiles. On se demande ce qu’elle faisait de ses nuits avant le départ de son père… Elle finit pas se dire que les idoles vénérées par ses parents ne sauraient avoir conçu un tel univers. C’est alors qu’elle reçoit la visite d’un ange qui lui enseigne la Passion du Christ et le mystère de la Rédemption. La voici sûre de l’unicité de dieu. Apprenant l’existence et la réputation d’Origène, elle lui envoie un message qui suscite l’admiration du sage d’Alexandrie. Il fait porter sa réponse par un messager, mais comme Dioscore aime beaucoup sa fille, il l’a faite surveiller durant son absence. Barbara ruse : elle se prétend malade et dit que le jeune homme qui arrive d’Alexandrie est un médecin. Accompagnée de l’ange, elle descend accueillir le godelureau et, pour lui manifester sa conversion, elle fait le signe de croix et imprime l’empreinte de son pied droit dans le sol, come le yeti dans l’Himalaya. Le soit disant médecin entre avec elle dans la tour aux deux fenêtres et lui délivre la réponse d’Origène. Laquelle est un traité de christianisme qui met la Trinité en exergue. Le jeune et beau disciple d’Origène baptise secrètement Barbara, puis s’en retourne en sifflotant de satisfaction, le fat. Barbara convoque les architectes de son père qui ont construit sa tour et leur ordonne d’y percer une troisième fenêtre.

De retour au pays, Dioscore, qui aime beaucoup sa fille, lui demande pourquoi cette troisième fenêtre ? La belle ingénue lui répond que c’est pour symboliser la Trinité chrétienne. Dioscore, qui aime beaucoup sa fille, entre dans une colère noire, puis rouge, si bien que Barbara s’enfuit. Il la poursuit en brandissant son épée car il l’aime beaucoup. Mais voilà-t-il pas que le rempart qui ceint Héliopolis s’ouvre, laisse passer Barbara et se referme derrière elle, sur le nez du père tempêtueux. Dioscore, qui aime beaucoup sa fille, cherche celle-ci dans la montagne et un berger délateur, originaire de Vichy, lui enseigne le lieu de la cachette. Le père si aimant empoigne sa fille par les cheveux et la traine jusqu’à la ville où il l’enferme dans un donjon.

Dioscore va quérir un juge et devant celui-ci il présente les idoles à Barbara en lui demandant d’abjurer sa foi chrétienne. Elle refuse et se bute. Alors le juge la fait torturer sous les yeux de son père qui l’aime vraiment beaucoup. On arrache les seins de Barbara avec des peignes en fer, on lui brûle les flancs avec des barres de fer rougies au feu et avec un flambeau, enfin on la fouette tant et plus. Le sang gicle et ruisselle, mais la mâtine ne ressent rien parce que son dieu unique la préserve de la douleur. Le juge, le bourreau et Dioscore qui aime profondément sa fille, s’aperçoivent de ce miracle et décident de suspendre l’insolente par les pieds, à un gibet. Rien n’y fait. Alors on la dénude et on l’attache à un cheval qui la tire à travers la ville. Devant cet outrage, la belle sanguinolente implore son nouveau dieu et cézigue, qui n’a rien d’autre à faire, lui dépêche un ange qui la couvre de son plumage et la rend invisible.

Dioscore n’en peut plus de cette tête de mule qui refuse d’abjurer. Aussi, comme il aime sa fille passionnément, il décide de la décapiter, comme le ferait aujourd’hui le premier jihadiste venu. Il la conduit au sommet de la montagne où Barbara s’agenouille pour prier. Elle demande que tous ceux qui vont mourir sans avoir pu se confesser une dernière fois, puissent l’invoquer et survivre jusqu’à recevoir l’extrême onction. Dioscore, dans un ultime élan d’amour, abat son épée et lui tranche net le col. Mais alors, le dieu des Chrétiens, qui a hérité de la foudre de son grand-père Zeus, envoie un éclair qui foudroie Dioscore et le réduit en cendres. C’est pas trop tôt…

Des miracles sont attribués à Barbara à partir du XVème siècle. Il s’agit toujours du même cas : un mort dont un morceau survit jusqu’à ce qu’un curé recueille sa confession et le bénisse.

Les attributs classiques de Barbara sont la tour aux trois fenêtres ; le ciboire un coup qui contient des hosties ; une plume de paon symbole du phénix qui aurait vécu, comme la sainte, à Heliopolis ; un livre genre demissel pour l’enseignement d’Origène ; l’épée de son père qui l’aimait tant et la torche qui lui fit des cloques aux flancs.

Sainte Barbara est logiquement la patronne de tous ceux dont le travail les met en contact avec le feu et l’explosion, images de la foudre. Elle protège ainsi les mineurs, les pompiers, les artificiers, les arquebusiers (il en reste peu…), les fondeurs, les canonniers, les cuisiniers, les électriciens… Les marins l’invoquent pour se protéger des orages et des tempêtes. C’est pourquoi des représentations de sainte Barbe sont nombreuses dans les églises de Bretagne. Sa réclusion dans la tour, puis son emprisonnement en attendant d’être torturée, lui permettent aussi d’être invoquée par les prisonniers. La même tour et le percement de la troisième fenêtre en font la patronne des maçons et des architectes. L’étude des écrits d’Origène l’a faite choisir pour protéger les écoliers, les étudiants et les libraires. De nombreux métiers pour lesquels existe un risque de mort soudaine sans avoir eu le temps de recevoir les derniers sacrements sont placés sous sa protection. Devenue Barbe en français, brossiers, fourreurs, tapissiers, lainiers et autres professionnels du poil l’ont prise pour patronne !

D’après et librement inspiré de : BALIGAND (Françoise) et CARPENTIER-BOGAERT (Catherine), Sainte Barbe. Légende et traditions, collection « Mémoires de Gaillette », n° 3, 1997, Centre Historique Minier de Lawarde ed., 166 pages.

Illustration : Vitrail représentant sainte Barbe dans une maison de Jacques Cœur, grand argentier du roi Charles VII, propriétaire exploitant de mine d’argent de Pampailly en Lyonnais.

Sainte Barbara / Barbe

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